Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

11/07/2007

La musaraigne s'adapte

Une balade ce matin, l’air est frais, la terre et les plantes sont humides, il a plu encore une fois…Etrange paysage que je connais beaucoup plus sec à cette saison ! Des oiseaux chantent encore, un merle tout près de moi.
Profitant de la fraîcheur, les escargots se promènent, en voici un devant mon pas …je le prends, l’observe (sa coquille semblait percée), puis le dépose sur le mur qui soutient le talus du chemin. Il reprend son avancée interrompue, hésitant un peu à présent sur la route à suivre, tâtant le terrain de ses tentacules, se coulant sur la pierre dont il épouse les aspérités. . Il se rétracte brutalement au contact d’une grosse fourmi. Le voilà replié dans sa coquille, d’où sortent encore les deux grands tentacules…Va-t-il franchir la colonne de fourmis formant une ligne imaginaire ?
Un bruissement délicat de brindilles et de feuilles sèches détourne mon attention. Un petit animal se déplace au ras du sol. Un campagnol, ou autre petit rongeur sans doute…l’envie de savoir, et surtout de voir m’immobilise (l’escargot se souciait peu de mes mouvements !) . L’animal avance toujours semblant fureter, je patiente et espère l’apercevoir quelques instants entre deux touffes de végétaux…Les campagnols ont des mouvements très vifs et se laissent généralement peu admirer ! L’avancée de celui-ci est plus lente, ma curiosité est éveillée, je reste là immobile, attentive, aux sons, et aux mouvements des végétaux déplacés …L’animal se rapproche encore, puis se dirige vers l’avant du mur, tout près de moi ! et bientôt il se découvre : c’est une musaraigne ! Elle transporte une sorte de « feuille blanche et sèche »…et disparaît entre deux pierres du mur…Pour réapparaître quelques instants plus tard débarrassée de son fardeau ! Elle construit son nid !
Elle fera ainsi de nombreux va et vient, allant chercher feuilles sèches et …ce qui se révèle être des morceaux de sacs plastiques, dans la broussaille ( film plastique fragmenté avec le temps, ou qu’elle déchire ). Lorsqu’elle disparaissait à ma vue, je suivais ses activités aux divers bruits qui accompagnaient ses déplacements. Je suis restée longtemps attendant ses passages dans cette zone où seuls quelques brindilles, feuilles sèches et graviers ne gênaient pas l’observation : et pendant quelques instants, à trente centimètres de mon visage, je pouvais observer, tantôt la robe, puis la queue, puis l’œil, le museau -A l’aller j’identifiais la charge, au retour je découvrais l’animal ! Elle passait indifférente semble-t-il à ma présence, ou sans inquiétude, toute occupée à sa tâche. Elle s’arrêtait parfois, regardant et reniflant, puis reprenait sa route. J’ai fini par reprendre la mienne, laissant la musaraigne à ses activités.

L’escargot avait disparau dans les feuillages -il se déplace à « 7cm à la minute ». Sur une tige dressée, à 20 cm du sol, une mue de cigale que je n’avais pas encore vue -Les cigales chantent peu cette année, il ne fait pas assez chaud.

Je suis toujours étonnée, émue, de voir comment l’on peut se fondre dans la nature par l’immobilité, et le désir de voir ! Le temps s’arrête, ou plutôt s’étire, une fenêtre s’ouvre, et pour quelques instants –prolongés parfois, nous pénétrons dans l’intimité de la vie animale. Quel bonheur d’être ainsi invitée au partage… !!!

Nb :Quand la chaleur viendra, et elle ne saurait tarder, que deviendra ce nid de plastique logé entre les pierres du mur ?La musaraigne s’adapte, mais ce nid sera-t-il aussi douillet et confortable qu’un nid de feuilles sèches, on peut en douter !?!

NB : la musaraigne est un mammifère de 6 à 13 gr ! Elle mesure 6 à 8 cm, avec une queue de 4cm ! Les petits à la naissance sont dépourvus de poils et pèsent un demi gramme ! La musaraigne est un prédateur, miniature mais féroce : vers de terre, insectes et leurs larves, araignées, limaces et escargots (celui-ci n’a pas été inquiété !). Mais aussi cadavres d’oiseaux ou autres mammifères.
Documentation : « La vie secrète des bêtes » chez Hachette.

Extrait de « Journal Nature 2007 » de Joëlle JOURDAN

17:00 Publié dans Nature | Lien permanent | Commentaires (0)

09/07/2007

Après l'envol

La famille rouge queue a quitté le nid il y a trois jours, et des oisillons sont toujours là dans mon jardin, suivis par leurs parents, qui manifestement leur signalent encore les dangers. En ce moment même, un jeune est perché juste devant la fenêtre, et un adulte tente par ses cris de l'inviter ailleurs.

Je croyais que les oisillons étaient rapidement livrés à eux-même au premier envol, mais les mésanges charbonnières et les rouge queue noir de mon jardin, cette année, le démentent !!! ! 

D'autres petites familles sont déjà passées devant ma fenêtre, les années précédentes, de mésanges bleues, de fauvettes à tête noire, de rouge queue noir, de mésanges charbonnières, de chardonnerets...des oisillons qui avaient sans doute grandi dans mon jardin, et s'envolaient le moment venu, mais elles quittaient le lieu en quelques heures, au plus une journée...

Extrait de "Journal Nature 2007" de Joëlle JOURDAN

17:55 Publié dans Nature | Lien permanent | Commentaires (0)

Une abeille maçonne

J’étais assise, ce matin, au pied d’un talus, admirant la paysage, quand j’ai découvert sous mes pieds des petits cônes de terre, percés d’un trou bien dessiné (qui semblait même maçonné)…

Ce n’était pas un entonnoir de la larve du fourmilion, creusé pour capturer les fourmis (qui n’a pas expérimenté le fonctionnement de ce piège en déposant une fourmi sur ses bords ?!)..Mais un cône ! Et en fait il y en avait un peu partout sur cette terre meuble, plutôt argileuse.

J’ai d’abord pensé à des entrées d’une fourmilière mais aucun fourmi en vue…Puis j’ai aperçu un insecte ressemblant à une abeille de petite taille –environ 1cm- tourner au-dessus d’un cône, et bientôt pénétrer par l’orifice…Un peu d’attente encore, et j’ai pu voir le même manège ici et là…

Une deuxième visite des terriers, équipée d'une loupe m'a permis de corriger l'erreur d'identification faite précédemment (une observation trop rapide et incomplète m'a induit en erreur...il ne s'agit pas de l'osmie cornue !)

L'abeille ainsi observée est svelte et mesure environ 1cm. De couleur noire, le corps est lisse et porte des franges de poils blonds; poils formant des bandes sur l'abdomen, qui alternent avec des bandes noires et lisses -d'où l'aspect rayé. Ses pattes sont ornées des mêmes poils.

Vais-je oser nommer cette fois ? Il est vrai que l'identification des insectes est toujours très délicate, vu le grand nombre de représentants dans chaque famille et espèce...Cette abeille doit appartenir (je reste prudente !) à la famille des colletidae, de l'ordre des hymenoptera.

NB compléments d'information : Dans : "Insectes. Araignées et autres arthropodes terrestres" de Georges Mc GAVIN ed Bordas, J'ai relevé :" Abeilles solitaires...Elles creusent des galeries dans le sol, aux parois isolées avec une sécrétion abdominale spéciale"

Extrait de « Journal Nature 2007 » de Joëlle JOURDAN

17:35 Publié dans Nature | Lien permanent | Commentaires (0)

06/07/2007

Dernières nichées

Un rouge queue –jeune oisillon sorti du nid- posé sur le rebord de ma fenêtre, est venu frapper à la vitre, trompé par les reflets du feuillage il cherchait à avancer dans une voie sans issue ! . Dans le jardin les parents accompagnent la nichée dans leurs premières explorations..C’est la deuxième nichée du couple. La dernière sans doute. Ils avaient placé leur nid entre deux pierres d’un vieux mur sous l’escalier. A l’abri donc du soleil, du mauvais temps, et des regards indiscrets…Les rouge queues ne quittent pas le jardin, même en hiver, et à chaque printemps ils occupent ce même lieu pour nicher.

Cette année le printemps se prolonge. Il a été généreux, partout la végétation abonde, le feuillage des arbres, les vignes, les herbes du bord des sentiers…Il nous a offert une grande palette de verts, riche en nuances, ornée de rouges, de jaunes, de bleus, car la floraison aussi a été généreuse ! On en oubli presque la nature fortement minérale de notre région : la ruffe rouge du Salagou, la dolomie grise du Cirque de Mourèze et du Causse du Larzac, les schistes ocres du piémont, le calcaire en falaises et en éboulis sur les pentes du Cirque de Navacelles…

Depuis deux mois et après une très longue sécheresse, il a plu –il pleut- régulièrement. Pas des pluies torrentielles qui ruissellent, ravinent et ravagent tout, mais une pluie qui dure et qui pénètre la terre. La réhydratant en profondeur. Juste retour, le cadeau reçu par la terre est redonné à présent par la végétation qui renvoie l’eau dans l’atmosphère : l’air est plus frais, moins sec qu’à l’habitude –je retrouve avec étonnement, et avec bonheur, des sensations découvertes dans la Sologne Bourbonnaise où j’ai vécu pendant quinze années.  

La chaleur viendra. Les cigales chantent –même si elles sont encore hésitantes, timides. Ces cigales qui font le sud ! Ce matin les cigales ne chantent pas encore, même s’il est déjà onze heures. Seules les mésanges charbonnières se manifestent par des petits cris de contact. Elles nourrissent leur deuxième nichée –le nichoir a été honoré cette année. Le mâle a fini par chasser les jeunes qui tentaient encore de venir au poste de nourrissage. La femelle appelle parfois, mais les cris sont moins insistants, plus légers, des cris de contact qui vérifient la présence. De qui ? Mâle et femelle délaissent à présent les graines de tournesol et s’activent : je les vois revenir chenilles au bec !

Ce printemps j’aurais vécu dans l’intimité des mésanges. Un vrai bonheur ! Et le noyer noir d’Amérique m’offre un feuillage abondant et délicat dans lequel jouent le vent et la lumière. Un vrai spectacle ! 

Extrait de "Journal Nature 2007" de Joëlle JOURDAN

18:20 Publié dans Nature | Lien permanent | Commentaires (0)

27/06/2007

Les mésanges sont tristes

Celui qui les avait tant observées, écoutées, et qui parlaient sans nul doute avec elles, Gaston PIC, n’est plus.

Gaston PIC nourrissait ses mésanges sur le rebord de sa fenêtre, mais il avait aussi construit un nichoir qui lui permettait de faire des observations et de nombreuses photographies, pour découvrir puis dévoiler l’intimité de leur vie, sans jamais déranger ses protégées…Il les habituait d’abord à sa présence, à celle de l’appareil à photo, puis par une petite trappe qu’il avait réalisée sur le côté du nichoir, et commandant l’appareil à distance, il saisissait des moments inoubliables ! Comme lorsque l’oisillon qui vient d’être nourri se retourne, présente son postérieur à l’adulte, qui prélève alors délicatement la fiente au moment où elle est rejetée..pour l’emporter au loin (« loin du nid pour ne pas le souiller et loin du nichoir pour ne pas alerter les prédateurs » je cite les paroles inscrites dans ma mémoire…)…

Naturaliste, autodidacte, il suivait aussi la démarche du scientifique pour tenter de répondre aux questions qu’il se posait. Gaston PIC -ancien électricien- avait placé à l’entrée du nichoir un perchoir équipé d’un contact électrique, relié à un stylet enregistreur, et chaque passage des adultes s’inscrivait sur un rouleau de papier. On pouvait ainsi compter le nombre de chenilles apportées dans une journée, et comparer les résultats, variant selon le nombre d’oisillons, et selon le temps qu’il faisait…Mes élèves gardent sûrement l’image de Gaston PIC, avec sa grande barbe blanche, leur faisant revivre tous ces moments d’observation de naturaliste curieux et averti !

Gaston PIC a suscité de nombreuses vocations de naturaliste dans le Bourbonnais, et a accompagné de nombreux jeunes dans leurs débuts …Il a œuvré pour la sauvegarde des oiseaux, de la nature, mais aussi du fleuve Allier –grand couloir de migration des oiseaux- qu’il aimait sauvages !

Nous sommes nombreux à avoir au fond des yeux ses belles images et au fond du cœur ses récits qui nous enchantaient. A nous tous de prolonger, en toute humilité, son œuvre ! La nature n’est-elle pas notre bien commun le plus précieux ? Merci à vous Gaston PIC.

PS : J’ai oublié de vous dire que les mésanges avaient, elles aussi, longuement observé Gaston PIC, intriguées dans un premier temps, puis amusées, et finalement complices… ! Et qu’ensemble, ils ont fait beaucoup de découvertes ! Elles nous parleront encore longtemps de lui ! J’ai d’ailleurs constaté que depuis quelques jours les mésanges sont tristes.

Extrait de " Journal Nature2007"  de Joëlle JOURDAN  

 

22:15 Publié dans Nature | Lien permanent | Commentaires (0)