Hirondelles

Au bord du lac du Salagou...

Pas de vent. Aucun bruissement de feuilles, ni de clapotis de l'eau...Univers un peu étrange.

Des gazouillis mêlés attirent mon attention. Je lève les yeux et découvre, autour de deux peupliers défeuillés à leur cime, un ballet d'hirondelles ! Elles volent, décrivant des ellipses multiples et enchevêtrées, se posent quelques instants à peine sur les extrémités des rameaux les plus fins, les obligeant à ployer sous leur poids (pourtant si léger !), se balancent un peu, et s'abandonnent à nouveau au vide pour reprendre leur vol...

Mes yeux sont ravis -au sens premier du terme. L'arbre semble orné de fines silhouettes noires, découpant le ciel bleu, et arrêtant parfois un mouvement qui semble perpétuel ! Sur les branches, des ailes frémissent comme feuilles au vent, des ventres blancs scintillent dans la lumière matinale comme des diamants aux doigts graciles de jeunes filles...

 Froissement de l'air au passage des oiseaux, babil continu. Mon approche a dispersé le vol, d'un seul mouvement. Mon immobilité rassure, et bientôt le ballet retrouve la scène première.

Me voilà invitée au spectacle ! L'oeil peut saisir selon son envie, le vol dans son ensemble, ou suivre un oiseau dans son parcours, ou bien s'arrêter à l'extrémité d'un rameau et voir les hirondelles s'y poser avec légèreté et repartir presque aussitôt...Instants magiques de pure poésie !

Toujours immobile, je deviens hirondelle emportée dans le tourbillon joyeux.

Extrait de "Journal nature 2011" de Joëlle Jourdan

Grand paon de nuit

A Navacelles, dans mon verger...

C'est ma deuxième rencontre avec cette belle chenille !

Verte hérissées de petites "boules" bleues portant de longs poils argentés...Une grosse chenille, 10 cm de longeur, 1,5 cm de diamêtre, elle ne peut que donner un grand papillon !

C'est la chenille du Grand Paon de nuit, de 10 à 16 cm d'envergure ! Le plus grand papillon européen. Que l'on voit voler au printemps, la nuit autour des réverbères...Une seule génération chaque année.

Le papillon ne se nourrit pas, et vit de la graisse accumulée par la chenille. La chenille, elle, s'est nourrie de feuillage des fruitiers, sauvages, ou de mon verger ! Elle était ici dans un prunier.

Arrivée à mâturité, la chenille construit un cocon grossier dans la fourche des branches qui protégera la chrysalide durant l'hiver.

Durant la journée on peut trouver le papillon au repos sur une branche. Immobile, il attend la nuit !

Extrait de "Journal Nature 2011" de Joëlle Jourdan"

Bibliographie : "Papillons" chez Grund..

 

Rivière sauvage

Quelques heures au bord de l'eau dans les gorges de LA VIS, à Navacelles...

Je m'installe dans les sons de la nature: le chant pur d'une fauvette à tête noire, et la mélodie répétée du pinson des arbres. En fond sonore continue, les stridulations des cigales et l'eau en cascade sur les roches.

Je me laisse envahir par les parfums, ceux de la végétation qui libère ses essences, et le parfum frais de la rivière.

Contraste entre l'air chaud des berges rocheuses et la fraîcheur dégagée par la rivière. Sur les herbes et les feuillages au-dessus de l'eau volent les libellules.

Le temps s'écoule, comme l'eau -ou bien s'arrête? Tout dépend du regard ! Il est bon de s'abandonner à ce mouvement -ou cette immobilité ?!

 

Remontant la rivière, et volant juste au-dessus de l'eau, un cincle plongeur. Une femelle, brune avec sa tâche blanche à la gorge -le mâle a la même tâche mais plus apparente sur un plumage noir. Suivi bientôt par un martin pêcheur. Quelques aller-retour, les oiseaux hésitent, ont-ils été dérangés par des promeneurs ?

Un oiseau à l'allure de pic s'approche d'arbre en arbre, puis se pose près de l'eau, inspecte la berge, à la recherche de nourriture. Un feuillage léger de saule nous sépare, mais il est tout près de moi. C'est une femelle pic vert. Je bouge un peu pour mieux profiter du spectacle et provoque son envol...

Sur l'autre berge un couple de geai des chênes volent de branche en branche et d'arbre en arbre dans les grands peupliers ..

 

Entre les pierres une araignée, dérangée elle s'immobilise pour se camoufler parmi les feuilles sèches. Est-ce une mygale maçonne ?

Immobile, ou presque, j'écoute, j'observe. On me repère, on s'interroge, on s'éloigne par prudence, mais ces heures au bord de la rivière -une belle rivière sauvage- permettent encore de nombreuses et belles rencontres ! 

 

Extrait de "Journal Nature 2011" de Joëlle JOURDAN

 

Le moineau amoureux

Tel Narcisse il se penchait vers son image...qui apparaissait alors dans le miroir du rétroviseur sur lequel il était perché ...

Puis il allait s'aggriper au bas de la vitre de la portière, et de là il s'élançait vers le miroir où il se heurtait...et retournait se percher, pour se pencher à nouveau, comme Narcisse au-dessus de l'eau.

Infatigable, ou bien tenace, le moineau allait du rétroviseur à la portière, et de la portière au rétroviseur, répétant les mêmes gestes, dans le même ordre et sans aucune variation.

L'arrivée du chauffeur a rompu le manège et provoqué sa fuite. Ce moineau n'était pas un jeune oiseau explorant le monde car son vol était assuré. Peut-être comme Narcisse, avait-il découvert l'amour de lui-même ?!

Extrait de "Journal Nature 2011" de Joëlle JOURDAN

Vieux murs

A Navacelles...

"Comme les humbles ruines, les plantes et les fleurs sont pleines de réminiscences"   Georgette MILHAU

Réminiscences, parfois, d'un passé très lointain !

Extrait de "Journal nature 2011" de Joëlle Jourdan