14/04/2017
Rossignol philomèle
Sortie tardive ce matin, à 9h... à Navacelles
Envie d'être près de l'eau, de me laisser porter par les sons, et les images que la rivière offre généreusement ! Mais je ferai un détour par les pentes caillouteuses aujourd'hui.
Oh ! Surprise ! C'est le chant du rossignol philomèle qui s'élève des fourrés au-dessus du chemin ! Le voilà revenu de la lointaine Afrique... Le paysage sonore change lorsque le rossignol s'est installé, son chant puissant masque d'autres chants plus ténus comme celui de la mésange bleue. Et c'est un chanteur infatigable, jour et nuit sa mélodie réjouit nos oreilles... Dans un arbuste, plus près de moi, chante une fauvette grisette, son gazouillis continue révèle sa présence, ici et sur le plateau, mais elle reste discrète. Comme le rossignol elle revient d'Afrique
Sur le talus, en contrebas de la route je découvre la tulipe australe en fleurs. Quelques pieds, au milieu des cailloux, que l'on retrouve chaque année à ce même endroit malgré l'instabilité et la fragilité du milieu !
Je descends à présent vers la rivière pour la longer vers l'aval, un chemin qui m'est bien familier. Dans les herbages, un orchis pourpre en boutons... Je me faufile par un passage de pécheur et me voilà tout près de l'eau. Oh ! un écureuil vient de bondir d'une branche vers le tronc voisin auquel il s'agrippe de ses quatre pattes écartées. Il s'immobilise ainsi quelques instants le temps d'évaluer le danger que je représente, puis s'élance, agile et gracieux, remonte le tronc et profite d'une branche qui s'étire au-dessus de la rivière pour passer sur l'autre rive ! Il n'est pas question de flâner à cette saison, il y a tant de choses à faire ! Cette vision de l'écureuil dans son bel habit flamboyant (se faire beau au printemps est une nécessité pour courtiser les belles) me ravit !
Envie de vagabonder ce matin ! Je visite d'autres passages qui mènent à chaque fois du chemin au bord de l'eau et je découvre la rivière sous d'autres angles de vue. Un tunnel de verdure ondoyante ! Ici le chant du troglodyte mignon, depuis un branche haut perché -le nid du troglodyte est-il dissimulé entre les racines de cet arbre ou d'une anfractuosité de ce rocher ?- et là celui du pinson des arbres. La mésange charbonnière, la fauvette à tête noire chantent aussi par intermittence; il est un peu tard, le concert matinal est terminé pour aujourd'hui !
C'est le hêtre, aujourd'hui, qui brûle de mille feux dans le contrejour. Sur les branches basses un jeune feuillage vert tendre s'est épanoui, et dans le haut de l'arbre les bourgeons entrouverts, libérant tout juste les feuilles, scintillent comme des perles ...
Mais pourquoi le hêtre ne "chante-t-il pas" ?! Pas de trou dans son tronc, comme dans celui du peuplier blanc voisin, pour abriter le nid du pic épeiche ou, plus tard, celui de la mésange charbonnière, ou de la sitelle torchepot ! Et pas de branchages accueillants pour le pinson des arbres ? Sur son sol dégagé, l'absence de litière et de buissons ne permet pas au rouge gorge familier d'y trouver refuge, ni, encore moins, au rossignol philomèle ! Une question me vient à l'esprit: les hêtraies seraient-elles silencieuses à l'image de leurs rares représentants ici à Navacelles ?! Voici donc un but pour une prochaine balade !
Le hêtre ici, campé sur de puissantes racines que les crues successives ont dégagé en partie, même silencieux, rayonne de vitalité -A chaque printemps les arbres vivent une nouvelle jeunesse nous disent les scientifiques (cf Francis Hallé)
Et il n'ignore pas que rien n'est acquis, rien n'est définitif, que tout passe, les jours, les saisons et les êtres.
Extrait de "Journal Nature 2017" de Joëlle Jourdan
Luscinia megarhynchos, rossignol philomèle
Sylvia communis, fauvette grisette
Troglodytes troglodytes, troglodyte mignon
Tulipa sylvestris, tulipe australe
Anacamptis pyramidalis, orchis pyramidal
15:15 Publié dans Ecoute chants oiseaux | Lien permanent | Commentaires (0)
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