13/05/2008
Sériciculture
Exposition "Insectes et Biodiversité" 2008. Recherche sur le "Ver à soie et la sériciculture" faite par Joëlle Jourdan. Panneau d'exposition réalisé avec l'aide de Christiane Maury présidente du CIELM.
La sériciculture et la production soyeuse en Cévennes
Le ver à soie, ou « magnan » en occitan, est la chenille d’un papillon, le bombyx mori ou bombyx du mûrier, ne vivant plus à l’état sauvage dans la nature. Animal domestiqué par l’homme et sélectionné depuis des millénaires, qui produit naturellement le fil de soie -matière chatoyante, symbole de luxe et de raffinement.
La tradition de la soie en Cévennes
La sériciculture et la production soyeuse existent déjà en Chine 4500 ans avJC. Le secret du dévidage de la soie sera conservé par les chinois pendant plus de 3000 ans. La chine produit aujourd’hui 70% de la soie utilisée dans le monde.
La tradition de la soie en Cévennes remonte au XIII siècle. Au XVII Olivier de Serres mandaté par Henri IV encourage le développement de la sériciculture et la plantation du mûrier blanc
La première moitié du XIX sera « l’age d’or » de la production soyeuse en France : Ardèche, Drôme, Vaucluse, Gard et Hérault.
En 1853, les Cévennes assurent plus de la moitié de la production française.
En 1854 apparition de la « pébrine », maladie du ver à soie qui dévastera les élevages et ruinera des milliers d’individus. L’invention des fibres artificielles (rayonne) et synthétiques (nylon) viendra à bout d’une industrie qui fut prospère.
Depuis 1877 une filière de production et de tissage tentent de perpétuer au stade artisanal les gestes ancestraux. Un savoir-faire reconnu dans le domaine du moulinage et du tissage (seuls ateliers européens à produire du jersey et du velours de soie à MONOBLET dans le gard
Elevage domestiques ou une industrie familiale. Extraits du livre : "Navacelles" de Georgette Milhau
« Sans nul doute la proximité du pays Cévenol entraîna l’implantation de cette culture (sériciculture) dans la vallée de La Vis..Plus à l’abri des gelées printanières le mûrier qu’on a baptisé du si joli nom d’ »arbre d’or » y fut planté en mains endroits.
Au début de ce siècle (XX) il n’était pas une femme du hameau et de ses alentours qui n’ait sa récolte de précieux cocons.
A la fin de l’hiver la « graine » placée dans un petit sac de toile était maintenue dans la cheminée à température douce et presque constante. Le soir, pour lui éviter un refroidissement fatal près de l’âtre éteint, elles (les magnarelles) l’emportait avec elles au fond de leur lit. On raconte même que lorsque les « magnagnières » s’absentaient pendant quelques heures dans la campagne, elles la faisaient suivre dans leur corsage…
…Puis il fallait se hâter de vendre la récolte avant que, dès juillet, le papillon ne s’échappe et n’enlève au cocon sa valeur marchande.
Elle (la magnarelle) vendait les plus jolis, gardait les plus faibles et les déchets
pour lesquels les filateurs lui offraient trop peu, et après avoir été séricicultrice, elle devenait fileuse.
Elle était apte à transformer de sa main habile cette matière soyeuse qu’on lui refusait et que des marchands de l’Aveyron lui échangeaient volontiers contre du tissu à la foire du Vigan. »
Biologie du ver à soie : Insecte, Lépidoptère, Bombicidé, Bombix Mori.
Le ver à soie est la chenille du bombix mori, un papillon au corps massif et velu, de couleur crème, aux pièces buccales atrophiées, ce papillon ne se nourrit pas, il s’accouple, pond puis meurt.
Les chenilles du bombyx mori se nourrissent exclusivement de feuilles de mûrier.
La croissance En 1 mois et quatre mues la chenille multiplie son poids par 10 000… !
Avec ses 2 grosses mandibules coupantes la chenille mange, et grandit avant de se métamorphoser..(les glandes séricigères occupent 2/3 du volume du corps de la chenille au moment de la nymphose)
La nymphose a lieu dans un cocon de soie.
Le cocon, de 3 à 4cm, est fabriqué avec un fil de soie continue long de 1500m…il est étanche à l’eau, très isolant, et difficile à déchirer - Les premières soies de fixation du cocon au support donneront la blaze..
Pour quitter le cocon le papillon doit rompre le fil de soie.
L’étouffage des cocons conservera la continuité du fil qui pourra être dévidé.…
La pébrine, maladie du ver à soie occasionnée par un protozoaire. Elle a décimé les élevages en 1863. Pasteur a mis au point le « grainage cellulaire » en 1865. Il s’agit d’examiner au microscope les chrysalides de quelques papillons sur chaque lot destiné à la reproduction
La sériciculture ou éducation du ver à soie
Le graineur fournit les œufs ou « graines »…
1gr de graines corespondent à 2000 œufs
On ne peut pas élever des vers à soie, sans mûrier, il faut donc attendre le débourrage des bourgeons pour mettre les œufs en incubation. Fin avril, début mai.
A l éclosion, les jeunes larves de 3 mm et 0.5 mg se nourrissent de jeunes feuilles tendres .
La croissance de la chenille se fait en cinq âges. D’abord des feuilles hachées, en deux repas, cinq repas de feuilles entières à la fin de la croissance. Le ver à soie mesure 8 cm avant la nymphose.
Les vers « mûrs » montent sur l’encabanage, fait de branches de bruyères sèches ou de hérissons synthétiques. Il faudra attendre deux semaines avant de procéder à l’étouffage des cocons, puis au dévidage…
La culture du mûrier.
Le mûrier est le support alimentaire exclusif du ver à soie. Arbre rustique peu sujet aux maladies et qui s’adapte à tous les sols. Il existe des variétés séricicoles adaptées à l’alimentation du ver à soie.
Les feuilles sont cueillies l’après midi après l’ensoleillement, et conservées la nuit dans un endroit frais.
1gr de graines (2000 œufs) auront besoin de 60 à 80kg de feuilles de mûriers pour assurer leur croissance.
Du cocon au fil de soie.
Le cocon est jeté dans l’eau bouillante pour le ramollir et libérer l’extrémité du fil…Puis il est dévidé.
Le fil de soie issu du cocon mesure environ 6 à 7 microns d’épaisseur. On réunit 7 à 8 cocons que l’on dévide ensemble, pour faire un fil de 20 deniers ( 20gr de soie pour 9000m de fil)
Le cocon a trois enveloppes :
L’enveloppe extérieure donnera la bourre ou blaze, une soie duveteuse qui servira à la fabrication du fil de bourrette.
L’enveloppe médiane, donne le filé, fil de soie continue de 1500m.
L’enveloppe intérieure donnera la soie floche, indévidable qui formera, avec la blaze, le fil de bourrette.
Des fils primaires (le filé) seront réunis et torsadés pour faire des fils de différentes épaisseurs, c’est le moulinage. Puis ils subiront le lavage qui ôtera le grès (enveloppe du fil ), donnant enfin un fil de soie souple et soyeux.
Mise en écheveaux et teintures avec des colorants chimiques ou végétaux seront les dernières étapes du traitement du fil de soie.
Avec le fil de soie.
Le tissage : il s’agit de croiser les fils à la perpendiculaire suivant différentes méthodes appelées « armures ». Sur les métiers à tisser se croisent ainsi les fils de chaîne et fils de trame.
Suivant les fils utilisés (bourrette, frison, filé), leur torsion, et leur mode d’entrecroisement, seront obtenue les mousseline, crêpe, satin, taffetas etc
Le tricotage : il s’agit de réaliser des boucles entrelacées, manuellement ou sur des métiers.
En Cévennes aujourd’hui le jersey de soie, réalisé sur des mailleuses, est fait de filé et de schappe ( fils arrachés, cocons inutilisables, cardés et peignés ) et donne des vêtements qui ne maillent plus.
Un atelier de tissage artisanal a été crée à MONOBLET en ….
Les qualités de la soie qui sont recherchées aujourd’hui sont la douceur, le bien être, la résistance, et la lumière (le chatoiement unique de la soie tient à sa structure particulière composée de milliers de facettes)…
Savez-vous que :
1 once de graines= 30 gr à 60 000 vers -à mangent 2 tonnes de mûriers !
. 1gr de graine à 2.5 à 3 kg de cocons !
. 1kg de cocons = 400 à 500 cocons
. 10 kg de cocons-à 1kg de fil brut !
22:00 Publié dans EXPO INSECTES 2008, Nature | Lien permanent | Commentaires (0)
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