30/08/2022
Le crapaud
J'étais allée, hier, lire au bord de la rivière, comme j'aime le faire, bercée par la musique de l'eau ! En rejoignant la plagette à l'écart des passages de randonneurs et de leurs regards, j'avais failli poser mon pied sur de beaux champignons accrochés à une racine d'un vieux peuplier courant en travers du chemin : des pholiotes du peuplier, juste sortis après la dernière pluie ! Je les ai récoltés avec soin laissant en place les jeunes spécimen
Revenue aujourd'hui sur les lieux dans l'espoir de faire une deuxième cueillette, je n'ai pas été déçue ! Les pholiotes sont sortis en nombre sur le tronc, et sur les racines, celles courant sur la terre et d'autres en contact avec l'eau. Ma récolte du jour est belle !
Les bords de rivière ont le pouvoir de me retenir. Après la cueillette, un temps de lecture. Puis mes yeux se promènent alentour, et ici et là des éléments m'interpellent.
Me voilà accroupie, les pieds dans l'eau, tout près de la berge, je photographie des baies rouges d'aubépine dispersées parmi les pierres sur le fond de la rivière. Je joue avec l'eau, sa transparence, ses reflets, le brun des pierres moussues, le rouge des baies. Un cordon de feuilles sèches -hêtre, aulne, érable, tilleul- souligne la ligne entre plage de galets et rivière. J'y prélève quelques feuilles dont forme ou couleur m'attirent et les dépose en amont de l'image cadrée -image en devenir- puis je tente de capturer ces feuilles à leur passage dans ma composition. Je suis toute entière occupée à mon jeu, les clapotis de l'eau qui tressaute un peu plus bas sur un léger dénivelé du lit de la rivière libèrent mon esprit de toute pensée. Une joie enfantine m'habite.
Et, tout à coup, un bruit de feuilles sèches déplacées me sort de ma rêverie, je lève la tête et vois émerger des broussailles un crapaud ! Il avance sur les galets de la plagette, résolument, d'un pas rapide, et droit sur moi sans se préoccuper de ma présence ni de mes mouvements de surprise. Puis il rentre dans l'eau, sans dévier de sa trajectoire, je suis même tentée d'écarter mes pieds qu'il finit par contourner pour rejoindre l'eau plus profonde où il doit nager à présent. Alors, étalant ses quatre pattes, et tel un radeau, il se laisse emporter par le courant !
Je reste sans voix ! Encore une rencontre inattendue, imprévue, presque improbable, et qui me réjouit ! La nature n'est pas avare de surprises qu'elle semble nous réserver -de messages qu'elle nous délivre ? Ce crapaud voulait-il m'enseigner le lâcher-prise, ce laisser-aller dans le courant de la vie ?!
Aurais-je dû le toucher pour qu'il se transforme en Prince charmant ?!
Extrait de "Journal Nature 2022 Joëlle Jourdan"
12:19 Publié dans Nature | Lien permanent | Commentaires (0)
20/08/2022
Photo Nature et Land'Art
Rectificatif :
La balade est reportée au dimanche 25 septembre
dans le cadre du WE Ateliers créatifs Art et Nature
*
Le mardi 23 août, Hameau de Navacelles.
de 10h30 à 17h.
gratuit, sur inscription
Organisé par le CPIE des Causses Méridionaux
avec Joëlle Jourdan ART ET NATURE
Immersion sensorielle dans la nature
A la découverte de la ripisylve
Nature et photo, diverses propositions
Land'Art, exploration personnelle
Land'Art, création collective
Formation du Cirque et des Gorges
Les Causses et l'agropastoralisme
Vivre ici et autrefois
inscription auprès du CPIE 04 67 44 75 79
contact@cpie-causses.org
19:27 Publié dans Ateliers | Lien permanent | Commentaires (0)
18/08/2022
Bébés loirs
Trois bébés loirs tombés du nid ...
Les loirs ont élu domicile dans mon hangar depuis de nombreuses années, malgré les visites régulières du chat voisin ! Juste avant l'hiver ils se rapprochent du conduit de cheminée où ils hibernent très confortablement. Et leurs activités reprennent au printemps, puis vient la saison des amours !
Cet été, chaud et sec, n'a peut-être pas offert la nourriture suffisante à une mère loir qui avait fait son nid au sommet d'une arche soutenant le toit de mon hangar, et ses petits ont-ils manqué de lait ? Est-ce la raison expliquant la chute d'un premier bébé loir à l'aplomb de l'arche, le mercredi 10 août ? Tout petit, les yeux encore fermés, bien maladroit dans ses mouvements, ce bébé loir a rampé, roulé sur le dos, puis sur un côté et sur l'autre, pour finalement venir se blottir contre un sac en toile de jute posé tout prêt de la porte de mon appartement.
Bougeant sans cesse et changeant de position, même dans son sommeil
Ne pas le toucher pour ne pas laisser mon odeur. Attendre que la mère vienne le nourrir, ou mieux le remonter dans le nid ? Une nuit, puis un jour et encore une nuit passent, le petit loir est toujours là. Et il ne semble plus en forme. Que faire ?!
Je décide de m'improviser maman loir ! Une dosette de serum physiologique fera office de biberon et le lait de ma petite fille me permettra de l'alimenter. Il adopte son nouveau nid, tête avec vigueur, se remet de ses frayeurs, et un jour après ses yeux s'ouvrent sur sa nouvelle vie !
Mais voilà qu'un deuxième bébé loir tombe à son tour du nid, et c'est dans une chaussure que je le retrouverai ! Ma tâche se complique, faire têter deux bébés loirs plusieurs fois par jour prend du temps, et je ne peux plus m'absenter longuement ! De plus, ce deuxième bébé me semble bien fragile, et il ne montre pas un grand appétit, c'est au goutte à goutte que je tente de le nourrir ...
Connaissant l'existence d'un Centre de soins pour animaux sauvages à Ganges, je prends contact avec la personne responsable, et me voilà rassurée, ils veulent bien prendre le relai ! J'apprends par la même occasion qu'il n'aurait pas fallu leur donner du lait de vache mais du lait de chèvre ou à défaut des fruits. J'avais proposé de la prune et du raisin à mes bébés pour compléter leur menu, et le premier bébé les avait apprécié ! Hélas, le deuxième allait faiblissant de plus en plus, et il n'a pas survécu.
C'est au matin du mardi 16 août, à 10h30 que les bébés loirs ont rejoint le Centre de soins pris en charge par un voisin attentionné et ami des animaux.... Et c'est un peu avant 11h que j'ai découvert le 3ie bébé loir, gentiment enroulé sur lui-même, une toute petite boule de poils, tombé du nid à son tour ! ( on dit bien : "jamais deux sans trois", n'est-ce pas ?! )
Une fois réveillé, et bien que très certainement issu de la même portée, celui-ci était plus gros et très vigoureux. Avait-il été mieux nourri après le départ de ses frères ? ... Que faire ?! ... J'ai décidé, avant qu'il n'ait côtoyé trop longtemps les humains, et sans le toucher directement, de le déposer sur le plancher du grenier, là où sa mère évolue toutes les nuits, souhaitant qu'elle prenne soin de lui !
La suite et la fin de l'histoire bientôt ...
Vendredi 9 sept ...
A ce jour, et depuis le jour de sa chute, je n'ai pas eu de nouvelles du 3e bébé loir. En le déposant au grenier, j'avais mis à sa disposition une coupelle avec des raisins, mais il n'y a pas touché -La mère s'est-elle occupée de lui ? J'ai appris que le 2e bébé loir, trop faible, n'avait pas survécu. Et j'apprends aujourd'hui que le premier bébé loir a bien grandi et qu'il doit, à présent, être rendu à la vie sauvage. Pour cela il s'agit de le relâcher sur son lieu de naissance, donc ... dans mon hangar !
De retour à Navacelles, par le même taxi qu'à l'aller, une fois la porte de sa cage ouverte, le bébé loir devenu grand n'a pas tardé à sortir et à partir explorer le voisinage.
Sur son passage il a trouvé une cagette remplie de raisins, mais ce n'était pas l'heure du déjeuner, il a poursuivi son chemin !
Où ce chemin l'a-t-il mené, je l'ignore ! A présent il vit seul sa vie de loir émancipé !
Extrait de "Journal Nature 2022" de Joëlle Jourdan
22:45 Publié dans Nature | Lien permanent | Commentaires (0)